Journée Internationale des femmes

D’un continent à l’autre les femmes ont déployé au fil du temps leurs talents de scientifiques et de géologues. Cette année nous avons choisi de rendre hommage aux femmes iraniennes et plus particulièrement à Maryam Mirzakhan, prestigieuse mathématicienne spécialiste des surfaces.
Jusqu’au XIXème siècle la place des femmes dans les géosciences semble plutôt erratique. Souvent reconnues parmi les amateurs et les collectionneurs de roches et de minéraux, comme les allemandes Hildegarde de Bingen au XIIème siècle ou Barbara Uthmann au XVIème siècle, elles occupent une position plus académique à partir du XIXème siècle.
En effet, c’est en Angleterre que les femmes commencent à intégrer les cercles scientifiques et notamment la Société Géologique de Londres. En 1977 à San-Francisco les femmes franchissent un pas supplémentaire. Elles créent une association spécifique de promotion des sciences de la terre pour les filles. Aujourd’hui l’organisation compte 1200 étudiantes et professionnelles du monde de l’industrie ou de la recherche dans une vingtaine d’Etats américains, au Moyen-Orient, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud
Maryam Mirzakhani (1977-2017), une Iranienne décorée de la médaille Fields en 2014
Née en 1977 et décédée à l’âge de 40 ans, Maryam Mirzakhani mérite une attention toute particulière tant son parcours apparaît extraordinaire. Dès l’âge de 17 ans la talentueuse scientifique remporte, aux côtés de l’équipe iranienne, les Olympiades internationales de mathématiques. Pour la première fois une femme fait partie de l’équipe nationale. Dès l’année suivante, en 1995, elle réalise un score parfait de 42 points sur 42 qui lui vaut une médaille d’or à Toronto. Maryam Mirzakhani débute son cursus universitaire supérieure à la Faculté Sharif de Téhéran. Après l’obtention de son diplôme en 1999, elle étudie à Harvard et soutient brillamment sa thèse. Maître de conférence à Princeton puis professeure à Stanford, Maryam Mirzakhani se spécialise en topologie et géométrie hyperbolique. Ses recherches portent sur les surfaces de Riemann.
En 2014 reçoit la prestigieuse médaille Fields. Elle devient la première femme, et jusqu'à présent la seule, à percevoir ce prix décerné aux mathématiciens uniquement tous les quatre ans, contrairement au prix Nobel annuel. De plus cette remarquable décoration, créée en 1936 par le mathématicien canadien John Charles Fields, ne peut être accordée qu’aux personnes de moins de 41 ans.
Inge Lehmann (1888-1993), une danoise au cœur de la terre
Née en 1888 à Copenhague, Inge Lehmann suit un cursus éducatif qui bannit les différences entre filles et garçons, fait remarquable pour l’époque. Elle étudie les mathématiques, la chimie, la physique et l’astronomie puis conduit des recherches avec le géodésiste Niels Erik Nörlund afin d’installer des observatoires sismologiques au Danemark et au Groenland. Son travail et son talent lui permettent d’obtenir un doctorat en 1928 dont l’un des aspects porte sur la sismologie. Rapidement Inge Lehmann devient directrice du département de sismologie à l’Institut Royal Danois de Géodésie. Elle supervise des études sur l’emplacement des épicentres de tremblement de terre à partir des données enregistrées par des sismographes. À partir de 1954 elle s’intéresse plus particulièrement au manteau terrestre et collabore avec le sismologue américain Beno Gutenberg.
Outre ses propres découvertes, en 1936 Inge Lehmann contribue à la création de la Danish Geophysical Society dont elle devient la présidente en 1941 et 1944. Elle reçoit la médaille William Bowie de l'American Geophysical Union en 1971 pour ses contributions dans le domaine de la géophysique et celle de la Seismological Society of America en 1977. L'American Geophysical Union crée, en son honneur, la médaille Inge Lehmann en 1995. Depuis 1997, cette décoration est décernée à des chercheurs qui « contribuent de manière exceptionnelle à la compréhension de la structure, de la composition et de la dynamique du manteau et du noyau de la terre. ».
Dorothy Hill (1907-1997), premier professeur féminin dans une université australienne
Née à Brisbane Dorothy Hill suit des études de chimie puis de géologie à l’Université du Queensland. Diplômée en 1928 elle reçoit un premier prix et une médaille d’or pour mérite exceptionnel avant d’intégrer le Sedgwick Museum of Earth Sciences à Cambridge. Elle obtient un doctorat en 1932 dont le sujet traite des coraux d'Écosse du Carbonifère. De retour en Australie Dorothy Hill se spécialise encore. Ses travaux sur les couches stratigraphiques et les coraux d’Australie Méridionale deviennent incontournables.
Son engagement dans la Women’s Royal Australian Naval Service pendant la Seconde Guerre Mondiale révèle un tempérament courageux. Elle travaille, en effet, sans relâche pour le service de chiffrement des ordres d’expédition.
En 1956 Dorothy Hill devient membre de l’Académie australienne des sciences. À partir de 1970 elle est la première femme à présider cette institution.
En 1966 elle reçoit la médaille Clarke délivrée par Royal Society of New South Wales.
Sudipta Sengupta (1946), une géologue indienne entre Himalaya et Antarctique
Née à Calcutta en 1946 Sudipta Sengupta déploie de multiples facettes. Géologue et alpiniste elle a également écrit un livre mondialement connu, Antartica. Elle y raconte ses expéditions scientifiques dans le « Continent Blanc ». Diplômée de l’Université de Jadavpur à Calcutta, elle y enseigne les sciences de la terre.
Parallèlement à sa carrière universitaire Sudipta Sengupta suit une formation d’alpiniste avec Tensing Norgay, le premier homme, avec Edmund Hillary, à gravir le Mont Everest en 1953. Parmi les nombreuses expéditions auxquelles elle participe en Inde, au Népal et en Europe, l’une d’entre elles est exclusivement féminine. Les femmes alpinistes atteignent un pic à 6 265 mètres d’altitude qui n’avait pas encore été nommé et s’appelle aujourd’hui le Mont Lalona.
En 1983, Sudipta Sengupta prend part à la troisième exploration indienne en Antarctique. Elle mène à cette occasion des études géologiques pionnières dans les collines Schirmacher de l'Antarctique oriental.
Sudipta Sengupta a reçu de nombreux prix dont le prix Bhatnagar pour l'excellence scientifique, le National Mineral Award et le Antarctica Award décernés par le gouvernement indien. Elle est par ailleurs membre de l'Indian National Science Academy.
Maria Euridice Páramo Fonseca (1953), de la géologie à la paléontologie en Colombie
Née en 1953 en Colombie, Maria Euridice Páramo Fonseca est diplômée de l’Université de Bogota en géologie et en paléontologie. Elle pilote des recherches au Département de Géoscience et fait avancer la recherche sur la connaissance des reptiles du Crétacé depuis des décennies. Sa fondation sur la préservation et le sauvetage des fossiles permet de mieux connaître et comprendre l’évolution du monde vivant.
Maria Euridice Páramo Fonseca a décrit le premier fossile de dinosaure découvert en Colombie !
Maureen E. Raymo (1959), spécialiste de l’histoire et des causes du changement climatique de la terre
Diplômée des universités de Brown et de Columbia aux États-Unis Maureen E. Raymo est connue pour ses travaux sur l’histoire et les causes du changement climatique de la terre. Elle travaille sur le lien entre le refroidissement global et une baisse du CO2 atmosphérique causée par le soulèvement de l'Himalaya et du plateau tibétain. Cofondatrice de la Columbia Climate School, directrice de l'Observatoire de la Terre Lamont-Doherty, professeur de sciences de la Terre et de l'environnement G. Unger Vetlesen et directrice du Lamont-Doherty Core Repository elle publie des travaux fondamentaux sur la stratigraphie et la chronologie des époques géologiques récentes. Maureen E. Raymo propose des hypothèses expliquant les schémas de variabilité des calottes glaciaires observés au cours des derniers millions d'années. Elle déploie de nouvelles façons d'étudier les changements passés du niveau de la mer. Ses modèles numériques permettent de mieux comprendre le climat passé et futur. Elle analyse précisément des carottes de sédiments des grands fonds marins, enregistre les changements géochimiques, paléontologiques et paléoclimatiques. Plus récemment, son unité de recherche s'est concentrée sur la reconstruction du niveau de la mer et du volume de glace pendant les intervalles de climat chaud passés. Son but est de prévoir l'élévation du niveau de la mer face au réchauffement climatique.
Les femmes géologues dépassent les frontières terrestres
Violaine Sautter, géologue planétaire explore Mars pour mieux connaître la Terre.
En 2020 la géologue terrestre et extraterrestre française explore les pierres pour qu’elles lui racontent l’histoire des planètes. Elle pratique une « archéologie planétaire », pour la Terre, grâce à l'étude des roches très profondes du manteau, mais aussi sur Mars, grâce au robot Curiosity.
Selon Violaine Sautter « Mars ce sont les archives perdues de la Terre... En effet son sol, qui n'a pas été altéré par la tectonique des plaques comme c'est le cas sur Terre, peut révéler des secrets sur les premiers instants du système solaire et donc sur les premières pages de l'histoire de notre planète bleue. ».
Tout un programme !
À Eliis les femmes sont également tournées vers l’avenir ! Nos géologues contribuent au développement d’un logiciel d’analyse du sous-sol et d’interprétation sismique très précis. Expertes dans leur domaine elles accompagnent de nombreuses entreprises pour répondre aux défis de demain dans les secteurs de l’énergie et du stockage.