La séquestration du CO2 au secours du climat ?

La séquestration du CO2 au secours du climat ?
Selon l’International Energy Agencie (IEA), pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle, « le secteur de l’énergie doit réaliser une transformation totale d’ici 2050 ». Dans la feuille de route publiée par l’agence au mois de mai 2021, le développement des techniques de capture et stockage de CO2 (CSC) constitue un des piliers essentiels de la réussite de la transition vers une énergie propre. Ce développement implique l’identification de formations géologiques capables de stocker des quantités de CO2 qui pourraient atteindre 5 gigatonnes par an en 2050.
Réduire directement les émissions de CO2 dans les secteurs économiques critiques tout en éliminant le CO2 pour compenser les émissions qui ne peuvent être évitées, voilà tout l’intérêt de recourir aux techniques de capture et de séquestration du CO2 pour contribuer à la baisse des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Problème : pour que ces technologies puissent être déployées largement, il y a urgence à identifier des lieux de stockages capables d’absorber de grandes quantités de CO2. Selon la feuille de route Net Zero by 2050 de l’IEA publiée le 18 mai dernier, celles-ci devraient passer de 40 à 5 000 millions de tonnes par an (0,04 à 5 Gt/an), entre aujourd’hui et 2050.
Une technologie mature
Risques de fuite, de séisme, d’accident… le stockage de CO2 suscite de nombreuses questions. La technique de séquestration de CO2 dans des formations géologiques est pourtant connue depuis longtemps.
Il faut savoir d’abord qu’elle suit le même processus que le piégeage du pétrole et du gaz sous terre depuis des millions d’années. Par ailleurs, des projets de captation et d’injection de CO2 à grande échelle existent déjà en Norvège (champ gazier offshore de Sleipner, Snøhvit), au Canada (Quest), aux États-Unis (Illinois Industrial) et en Australie (Gorgon). Enfin, les producteurs de pétrole utilisent cette technique depuis de nombreuses années pour améliorer les rendements de certains gisements.
Ces expériences permettent aujourd’hui d’avoir une bonne maîtrise des risques liés à des fuites ou à des séismes, même si une sélection et une évaluation soigneuses des sites de stockage restent indispensables, tout comme la mise en place de systèmes complets de surveillance du CO2 stocké.
Un potentiel géologique immense, mais encore inexploité
Selon les premières estimations, la capacité de stockage mondiale de la croûte terrestre varie de 8 000 à 55 000 Gt, ce qui dépasse largement les besoins qu’impliquerait un recours massif au stockage de CO2. Particulièrement nombreux en Russie, en Amérique du Nord et en Afrique — avec seulement quelques pays qui pourraient être confrontés à des pénuries à l’horizon 2070 —, les sites potentiels de stockage se situent dans des formations salines profondes et dans des gisements de pétrole et de gaz épuisés, onshore et, dans une moindre mesure, offshore.
Plusieurs pays déjà dans les starting-blocks
Les États-Unis, où se trouvent les plus grandes capacités de séquestration, la Norvège, la Grande-Bretagne et la Chine ont déjà impulsé plusieurs projets ambitieux de déploiement de CSC. Pour ces pays — et tous ceux qui opteront pour cette technologie dans les années à venir — il s’agit de parvenir à trouver des sites de séquestration les plus proches possible des lieux de captation, mais aussi d’optimiser les taux d’injection du CO2 et de maîtriser les caractéristiques des réservoirs de stockage. Tout l’enjeu est en effet de parvenir à réduire les coûts, notamment de transport, afin que cette technologie puisse se déployer le plus rapidement possible et jouer pleinement son rôle dans la diminution du taux de CO2 atmosphérique.
Véronique Molénat, rédactrice scientifique.
Sources :
The world has vast capacity to store CO2: Net zero means we’ll need it – Analysis - IEA
Net Zero by 2050: A Roadmap for the Global Energy Sector - Event - IEA